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LIGNES blanches et épurées.

Espace zen aux symétries impeccables.

Chaque fois qu’il pénétrait ici, il éprouvait la même sensation. Ce laboratoire de développement professionnel ressemblait à un lieu de méditation. Un vestibule aux murs blancs, où étaient exposés des tirages cadrés de noir. Puis un couloir aux petites lampes suspendues, qui s’ouvrait sur la salle des dépôts. Les photographes y donnaient leurs films et récupéraient leurs images. Encore une fois, le blanc, la pureté… tout semblait organisé pour susciter le vide de l’esprit, le recueillement de l’âme. Même les tables lumineuses, blocs blancs scintillants renvoyant leur halo laiteux à la face des reporters, finissaient par ressembler à des prie-Dieu futuristes.

Marc avait rendez-vous avec Vincent Timpani à dix-sept heures trente. Il était déjà dix-huit heures mais le géant était toujours en retard. Il se dirigeait vers la cafétéria, quand il remarqua une tête connue : Milton Savario, photographe d’origine sud-américaine, qui appartenait à la caste supérieure des reporters de news. Un ascète famélique, qui semblait toujours survivre entre deux guerres.

Savario lui fit signe. Ils se serrèrent la main. D’un hochement de tête, Marc désigna les diapositives réparties sur la table lumineuse :

— Tu ne travailles pas en numérique ?

— Pas pour ce genre de sujet, non.

— Qu’est-ce que c’est ?

— La famine en Argentine.

— Je peux ?

Marc attrapa le compte-fils – une petite loupe montée sur une armature chromée – puis se pencha sur les ektas. Un enfant squelettique, au visage sans chair, criblé de perfusions, sur un lit d’hôpital. Un nourrisson verdâtre, au crâne énorme, dans un cercueil avec des petites ailes d’ange. Une infirmière portant un gosse inanimé, aux jambes réduites à de longs os inertes, dans un escalier gris. Marc se releva :

— Ça n’a pas été trop dur ?

— Quoi ?

— Ces mômes, la famine…

Savario sourit. Sa barbe de trois jours et sa tignasse noire hirsute lui donnaient l’air d’être maquillé au charbon de bois.

— Il n’y a pas de famine en Argentine.

— Et ces photos ?

Le Sud-Américain glissa les ektas dans l’enveloppe, sans répondre. Il replia son compte-fils, éteignit la table lumineuse.

— Je te paye un café. Je te raconte le tour de magie.

Ils s’installèrent dans la cafétéria. Distributeurs, guéridons, sièges : tout était blanc. Le photographe se hissa sur le tabouret de bar.

— Pas de famine, répéta-t-il en soufflant sur son gobelet brûlant. On s’est tous fait avoir.

Il sortit de son sac photos un tirage de l’enfant sous perfusion aux membres difformes :

— C’est un polio. Rien à voir avec la faim.

— Un polio ?

— La photo a dû circuler par erreur. Dans les agences. Sur Internet. On s’est tous précipités. La famine en Argentine : cela paraissait incroyable. Mais là-bas, à Tucuman, aucun signe de faim.

— Qu’est-ce que tu as fait ?

— Comme les autres : j’ai photographié le petit polio. Tu connais le prix du billet pour l’Argentine ?

Marc n’avait pas besoin qu’on lui fasse un dessin. Une fois les frais engagés, il était hors de question pour Savario de revenir les mains vides. Quelques clichés de l’enfant famélique, quelques autres des dispensaires, des ghettos misérables, et le tour était joué. Il y aurait toujours un magazine pour acheter ces images et broder sur la malnutrition. Personne ne mentait vraiment, l’honneur était sauf – et il n’y avait pas eu perte d’argent. Le Latino tendit son café :

— À l’information !

Marc trinqua en retour. Depuis cinq ans qu’il travaillait sur les faits divers, il était sorti du tourbillon des agences, mais il constatait, avec une joie cynique, que rien, absolument rien, n’avait changé.

Une voix grave s’éleva derrière eux :

— Toujours à refaire le monde ?

Marc pivota sur son siège et découvrit Vincent Timpani. Un mètre quatre-vingt-dix, cent kilos de muscles et de chair avachis dans un costume de toile claire, qui lui donnait l’air d’un planteur sous les tropiques. Mystérieusement, le soleil semblait toujours l’habiter : il avait grandi à Nice et conservait une pointe d’accent méridional.

Il salua Marc et Savario d’un éclat de rire puis se dirigea vers le distributeur de boissons gazeuses. Savario en profita pour s’éclipser. Vincent revint vers Marc, une canette de Coca à la main. Il suivit le photographe du regard :

— Je fais fuir le héros ou quoi ?

— Tu as les images ?

Le géant sortit de sa veste trois enveloppes. Depuis le drame de Lady Diana, il s’était reconverti dans la photo de mode mais, en souvenir du passé, il acceptait parfois de bricoler quelques tirages pour illustrer les enquêtes de Marc. Il commenta, avec une mauvaise humeur feinte :

— Je me demande pourquoi je m’emmerde à reproduire ces sales gueules. Quand je pense aux filles sublimes qui m’attendent au studio…

Marc plongea dans la première enveloppe. Il en sortit un portrait anthropométrique de Jacques Reverdi. Il lut la légende inscrite sous la photo.

— C’est celle de son arrestation au Cambodge, tu n’as pas celle de Malaisie ?

— Non, m’sieur. J’ai appelé les mecs de l’AFP, à Kuala Lumpur.

Pas de portrait officiel en Malaisie. Reverdi n’est pas resté assez longtemps entre les mains des flics. Il a aussitôt été interné dans un hôpital psychiatrique et…

— Je suis au courant, merci.

Marc observait le visage de Reverdi. Les images qu’il avait vues jusqu’ici appartenaient au passé prestigieux de l’apnéiste. Des clichés rayonnants où le champion, vêtu d’une combinaison de plongée, brandissait la plaquette indiquant la profondeur de son record. Le portrait qu’il tenait maintenant était différent. Le visage étroit, musclé, rugueux de Reverdi n’était plus du tout souriant. Les commissures des lèvres s’arquaient en une expression maussade. Quant au regard, il était noir, indéchiffrable.

Il ouvrit l’enveloppe suivante et découvrit une jeune fille. Presque une adolescente. Pernille Mosensen. Des yeux clairs, une expression angélique entourée de cheveux noirs, très raides. Et une peau luminescente. Marc songea à la chair pâle de certains fruits exotiques.

— L’AFP m’a envoyé que ça, commenta Vincent. C’est la photo de son passeport. Je l’ai retouchée à l’ordinateur…

L’expression de la jeune Danoise trahissait la volonté de paraître sérieuse. Pourtant, malgré cet air sage, on sentait vibrer une jeunesse exubérante sous les cils. Un sourire qui frémissait au bord des lèvres. Il l’imaginait en train de se préparer pour son voyage en Asie du Sud-Est. Sans doute son premier grand périple…

— Et le corps ? demanda-t-il.

— Nada. La Haute Cour de Malaisie n’a rien communiqué. Ils ont pas l’air de vouloir faire de la publicité.

— Et l’autre ? La fille du Cambodge ?

Vincent acheva une longue goulée et poussa sur la table la troisième enveloppe :

— Je n’ai trouvé que ça. Dans les archives du Parisien. Et j’ai vraiment dû faire des miracles. C’est une reproduction des canards de Phnom Penh. On voit la trame de l’imprimerie.

Linda Kreutz était une rousse aux traits délicats se dessinant par petites touches à peine appuyées. Une physionomie légère, enfouie sous une tignasse frisée, qui ne faisait pas le poids face au grain d’impression du journal. Son expression se perdait dans la trame et prenait un caractère irréel. Un fantôme de news.

— Et pour celle-ci, rien sur le corps ?

— Rien de publiable. Cambodge Soir m’a envoyé des photos. La fille a été retrouvée dans un fleuve, trois jours après sa mort. Gonflée à exploser. La langue comme un concombre. Pas publiable : fais-moi confiance. Même dans ton canard de merde.

Marc empocha les trois enveloppes. Vincent prit un ton complice :

— Qu’est-ce que tu fous, ce soir ?

Le visage du photographe était taillé sur le même modèle que le corps : énorme, rougeâtre, avachi. Une face d’ogre, à moitié cachée par une mèche qui lui tombait sur l’œil gauche à la manière d’un bandeau de pirate. Il conservait toujours la bouche entrouverte, comme un gros dogue essoufflé. Il brandit une autre enveloppe, en affichant un large sourire :

— Ça t’intéresse ?

Marc jeta un regard : des tirages de jeunes femmes nues. Aux côtés de ses photographies officielles pour les magazines, Vincent effectuait des clichés de composite pour les mannequins débutants. Il en profitait pour les dévoiler.

— Pas mal, non ?

Son haleine brûlait d’une odeur mêlée de Coca et d’alcool. Marc feuilleta la liasse : des corps pubères, aux mensurations parfaites ; des peaux de lait, sans le moindre défaut ; des visages à l’élégance féline.

— Je les appelle ? demanda-t-il en faisant un clin d’œil.

— Désolé, répondit Marc en rendant les images. Je ne suis pas d’humeur.

Vincent reprit ses clichés avec une grimace de dédain :

— T’es jamais d’humeur. C’est ça, ton problème.

 

La Ligne noire
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